AuteurS à la page #45, Christian Niemiec et Ludovic Manchette, septembre 2024


Chers Christian et Ludovic, 

Merci d'avoir pris le temps de répondre à nos questions car nous savons que vous êtes en période de promo pour la sortie de votre tout dernier roman. Merci pour vos réponses sincères et complètes qui vont permettre à nos lecteurs de mieux vous connaitre et de découvrir votre univers.

Pouvez-vous vous présenter à ceux de nos lecteurs qui ne vous connaîtraient pas encore ?

Christian Niemiec : Nous sommes un duo d’auteurs. Nous avons écrit trois romans ensemble, tous parus au Cherche Midi : ALABAMA1963, AMERICA[S] et À L’OMBRE DE WINNICOTT, qui sort pour cette rentrée littéraire.

Ludovic Manchette : D’ailleurs, les gens ne le savent pas forcément, mais ALABAMA 1963 aussi était sorti à la rentrée littéraire. Cela nous a permis de remporter vingt prix, ce qui aurait été impossible si nous étions sortis à un autre moment, car seuls les livres de la rentrée peuvent prétendre aux prix.

Comment vous est venue l'idée de l'écriture à quatre mains ?

L. M. : Nous travaillions déjà ensemble à la traduction de dialogues de films. La VF des films DUNE 1 et 2, par exemple, c’est nous. C’est donc tout naturellement que nous avons eu l’idée d’écrire à deux.

Avez-vous déjà songé (c'est peut-être déjà fait ?) à écrire un roman seul ?

L. M. : Non, nous n’avons aucune envie d’écrire un roman seul. C’est tellement agréable de réfléchir à nos histoires à deux, puis de les rédiger à deux – parce que nous écrivons chaque ligne ensemble.

C. N. : Lorsqu’on écrit seul, on doit être pétri de doutes… Le fait d’être deux ne nous empêche pas de douter bien sûr, mais nous nous rassurons en nous disant que si cela nous plaît à tous les deux, cela plaira probablement à d’autres.

Quel genre de lecteurs êtes-vous ?

C. N. : Nous lisons un peu de tout. Davantage de littérature contemporaine ces dernières années, depuis que nous fréquentons les salons et d’autres auteurs.

L. M. : Pour ma part, je lis assez lentement, tandis que Christian lit plutôt vite. Depuis peu, nous n’avons plus trop de scrupules à ne pas finir un livre s’il ne nous plaît pas. En revanche, j’aime beaucoup relire des romans que j’ai aimés.

Quel est votre premier souvenir de lecture ?

C. N. : LES MUSICIENS DE BRÊME, un conte de Grimm. Avec mes parents, nous l’avions acheté dans une brocante un jour de pluie. Je me souviens encore de l’odeur de la boutique… Je l’ai toujours, ce livre, d’ailleurs.

L. M. : Ça devait être une bande dessinée, sans doute un ASTÉRIX ou un TINTIN.

Et votre dernier coup de cœur littéraire ?


C. N. : Il ne s’agit pas de littérature, mais de bandes dessinées, justement. En ce moment, je me régale avec LES CAHIERS D’ESTHER de Riad Sattouf. L’auteur s’inspire des anecdotes que lui raconte la fille d’un couple d’amis. Elle a dix ans dans le premier tome et dix-huit dans le dernier. J’en suis au quatrième, soit à ses treize ans.


L. M. : Et moi, je dirais LE PARFUM DES FLEURS LA NUIT, de Leïla Slimani. Elle accepte de passer une nuit enfermée dans un musée, à Venise, et, au final, n’évoque qu’assez peu les œuvres exposées, pour davantage nous faire part de souvenirs et de réflexions autour de l’écriture et de la création en général.

Quel est votre premier lecteur ou votre première lectrice ?

L. M. : C’est mon frère, Sébastien, qui apparaît d’ailleurs tout en haut de nos remerciements à chaque fois. C’est agréable et important d’avoir un retour quasi immédiat sur ce que nous écrivons, au fur et à mesure, toutes les dix pages environ. Surtout, il nous encourage à poursuivre car il attend la suite !

Avez-vous un rituel d'écriture ? Un lieu particulier ?

C. N. : Je ne sais pas si je parlerais de rituel, mais nous commençons systématiquement par relire ce que nous avons écrit la veille.

L. M. : Nous écrivons exclusivement à notre bureau, dans le silence. Enfin, un silence tout relatif puisque nous discutons toute la journée ! Sans musique, je veux dire. Et toujours à deux, donc, comme vous l’a dit Christian. L’un de nous lance une phrase, l’autre rebondit, et nous rebondissons ainsi jusqu’à ce que la phrase nous plaise à tous les deux. Alors seulement, je la tape – c’est toujours moi qui suis au clavier. Et si besoin, nous la retravaillons encore. Cela peut être assez long ou aller très vite, selon la phrase.

Quel est le plus beau compliment que l'on vous ait fait sur un de vos romans ?

L. M. : Une lectrice nous a dit un jour au sujet d’ALABAMA 1963 : « Vous êtes ma plus belle nuit blanche. »

C. N. : Une autre lectrice vient de nous écrire, à propos d’À L’OMBRE DE WINNICOTT : « J’aimerais ne pas l’avoir lu pour pouvoir le redécouvrir. » C’est joli, non ?

Quelle est la chose la plus bizarre qu'on vous ait dite ou demandée lors d’une séance de dédicace ?

C. N. : Une dame d’environ soixante-quinze ans nous a demandé si nous aurions pu tomber amoureux d’elle si elle avait été plus jeune.

Votre nouveau roman, À L'OMBRE DE WINNICOTT, à paraître le 29 août au Cherche Midi, ne se déroule pas aux États-Unis, contrairement à vos deux premiers. Souhaitez-vous nous en dire plus sur votre choix de changer de pays ?

C. N. : Il nous a semblé que l’Angleterre était le meilleur endroit où situer cette histoire de manoir supposément hanté, tout simplement.

L. M. : De la même façon que les États-Unis étaient le meilleur endroit pour situer les deux premiers. En effet, dans ALABAMA 1963 on aborde le sujet de la ségrégation et dans AMERICA[S] on voyage en stop aux côtés d’une jeune adolescente dans les années 1970. Or, pour nous, road trip rime avec Amérique. Même si ça ne rime pas, en fait. (rires)

On est très impatients de découvrir votre nouveau roman…

C. N. : C’est très gentil. Il y est question d’une préceptrice et de son jeune élève aveugle, George, dans l’Angleterre des années 1930. Cet enfant ressent une présence par moments, mais étant dans l’incapacité de voir, il ignore s’il se fait des idées ou non. Comme le lecteur. Puis, peu à peu, tout le monde commence à se poser des questions, des parents de George jusqu’au personnel…

L. M. : Celles et ceux qui l’ont déjà lu nous parlent parfois de la série DOWNTON ABBEY, des romans d’Henry James ou d’Agatha Christie. On est dans ce genre d’univers feutré.

Un scoop pour le blog ?

L. M. : Il est question qu’un de nos romans fasse l’objet d’une adaptation en roman graphique, mais c’est encore un peu tôt pour en parler puisque ça ne devrait pas voir le jour avant 2027.

C. N. : Et sinon, nous venons de faire un road trip à travers les États-Unis et j’ai maigri ! (rires) Si c’est pas un scoop, ça ! Je dois être une des rares personnes à avoir maigri aux États-Unis… (rires)


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