Le Gibier, Nicolas Lebel : Marina



Le Gibier, Nicolas Lebel

Ed : Le Masque (10 mars 2021), broché, 396 pages


A
près avoir appris la sortie du nouveau roman de Nicolas Lebel, un "one shot" et en avoir vu la superbe et flashante couverture.. je salivais déjà à l'idée de pouvoir le lire.... J'ai préféré attendre de croiser l'auteur à la Nuit du livre de la Garenne Colombes, échanger avec lui et repartir du salon avec le roman dédicacé sous le bras. Toutes les conditions étaient donc réunies pour que je découvre enfin ce que l'esprit vif et talentueux de Nicolas nous avait concocté..

Et en terminant la lecture, je me dis "quelle claque" ! Quel roman... ! Nicolas s'est surpassé et nous livre une histoire à l'intrigue extrêmement maitrisée, aux personnages attachants. Un énorme coup de coeur pour moi.. ! Nicolas Lebel le Houdini du polar ? Je dis OUI.. car tel un prestidigitateur il nous montre tous les éléments de son "tour".. mais nous ne voyons que ce qu'il souhaite nous montrer, tombons plusieurs fois dans le panneau... pour découvrir un final qui nous laisse sans voix ! Chapeau !


De quoi est-il question ?


Tout démarre par un prologue mystérieux à souhait, dans la veine des romans noirs, du temps de Bogart et de nos détectives privés préférés.. Un homme dont on ne sait rien suit une femme dans un appartement, on pourrait croire à une sorte de rendez-vous galant avec la Belle, mais il n'en est rien.. Comme cela nous sera révélé plus tard, cela finira mal, très mal !


Nous basculons ensuite sur l'histoire de Chloé de Talense, jeune femme charmante et biologiste talentueuse, blogueuse à ses heures. Elle est sur la touche professionnellement depuis plusieurs mois mais deux rendez-vous importants pourraient bien changer la donne. En parallèle un tandem de flics auxquels on va s'attacher très rapidement à savoir l'agent Starski (avec un i) et l'agent Chen (et non Hutch pour ceux qui ont l'âge de la référence et auront compris de quoi il retourne) sont appelés à intervenir sur une prise d'otage houleuse se déroulant dans un appartement parisien. 

Le tandem de flics nous plaît d'emblée ! On est ému par Paul Starski en flic désabusé qui tente de recoller les morceaux de sa vie qui part en lambeaux entre sa femme qui le quitte, son boulot chronophage et son chien, fidèle compagnon depuis des années bien mal en point dont il craint la mort imminente ; et sa collègue au prénom improbable "Yvonne" Chen, flic très à cheval sur le règlement, froide, impassible et qui ne concède rien à son co- équipier. 


Les chapitres sont courts, insufflant le rythme à l'histoire dont le suspense et l'action vont crescendo. Le récit est présenté et structuré sous la forme des différentes étapes d'une chasse à courre, dont on a beaucoup de mal à savoir quid du gibier et quid du chasseur. Une meute semble avoir été lâchée sur une proie : quelle est cette meute ? Qui est la proie, le gibier ? La police ? Chloé ? Qui est le prédateur ? La victime ? Des Furies semblent avoir été lâchées.. mais à quelles fins ?


La prise d'otage sur laquelle nos deux flics ont été appelés a mal tourné, tout semble accuser la belle Choé de Talense.. oui mais voilà ce serait trop simple, voire simpliste ! Et Nicolas Lebel ne nous a pas habitués à la facilité :) Dès lors que des cadavres commencent à pleuvoir, que de lourds secrets sur des exactions menées 27 ans auparavant en Afrique du Sud du temps de l'Apartheid refont surface, tout va vite, très très vite.. Les flics semblent dépassés, tout comme la juge et le substitut. Ça "patauge" grave !!!! Starski perd de plus en plus pied au grand dam de Chen sa coéquipière qui ne semble ne pouvoir que constater l'ampleur des dégâts ! 


Le lecteur retient son souffle, élabore des théories pour mieux les balayer d'un revers de main quelques minutes plus tard. Le style de Nicolas Lebel est très maitrisé, les rouages de son intrigue sont magnifiquement huilés. L'auteur va encore plus loin que dans ses précédents opus, plus haut. Et nous prenons un plaisir incroyable à découvrir ce magnifique roman. L'auteur évoque les thèmes forts qui lui tiennent à coeur. Il est question de l'Apartheid et d'une pseudo suprématie blanche, du racisme, des préjugés, de la difficulté de se faire une place dans la société quand on est une femme. La hiérarchie et ses incohérences n'échappent pas à sa plume acérée et quelque peu irrévérencieuse, ce qui est jubilatoire pour le lecteur.


Nicolas Lebel frappe fort, se montrant rusé, facétieux et très inventif. Le lecteur, pris dans ses filets dès les premières pages se délecte de l'humour distillé au fil des pages, des références qu'elles soient historiques, littéraires ou musicales.. c'est un pur bonheur. Chapeau Monsieur Lebel ! On en redemande.. se pourrait-il que d'autres aventures soient prévues pour bientôt ?



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