Sur le toit de l'Enfer, Ilaria Tuti : Marina

Sur le toit de l’enfer

Prix Bête noire 2019

Le roman a également remporté le Premio Edoardo Kihlgren, décerné par la ville de Milan, qui récompense un premier roman.

Prix Nouvelles Voix du Polar (Pocket), 2020 (roman étranger)

Roman délicieusement terrifiant !

Ce roman est pour moi le premier que je lis d’Ilaria Tuti et j’ai été séduite par son style et par son enquêtrice atypique

Un prologue relatant des faits survenus en 1978 dans un sinistre endroit, « le nid », donne d’emblée le ton du roman ! Les non-dits et le flou volontaire sur qui se tramait dans cet endroit lugubre et reculé nous font envisager le pire. Le personnel y travaillant est tenu au secret, tous sont effrayés de ce qui s’y passe et le sujet «39 » est au centre de toutes les attentions. L’angoisse est là.. palpable, l’ambiance effrayante est bien plantée.

De nos jours, dans les Alpes italiennes. La police est appelée sur une scène de crime particulièrement glauque « orchestrée » par un tueur aux procédés sauvages et violents. Pourquoi tant de sauvagerie ? Qui est le tueur ? Quel est le lien -s’il y en a un- avec les événements sombres du passé ?

Dès lors la violence des crimes et la façon dont ils sont perpétrés vont crescendo. La population vivant en quasi autarcie semble protéger jalousement de lourds secrets. Couvrent-ils le responsable de ces crimes ?

Le paysage est un personnage à part entière du roman et ses descriptions sont à couper le souffle : la forêt enneigée, des grottes, des parois rocheuses et des animaux sauvages...

Tout cela contribue à rendre l’atmosphère angoissante et pesante à souhait et le paysage hostile se fait alors l’allié du meurtrier en lui permettant de jouer à cache cache avec les enquêteurs.

Teresa Battaglia, femme d’un certain âge, quelque peu taciturne, diabétique, en surpoids, et en proie à des « absences » est notre enquêtrice. Profiler redoutable, elle est aux commandes d’une équipe uniquement masculine unie par des liens très forts. Massimo, le petit nouveau constate que ses collaborateurs lui vouent une admiration sans borne. Il devra gagner sa place dans l’équipe sans se décourager face à Teresa qui le rabroue sans cesse. Teresa est exigeante avec son équipe, elle les stimule, les « pousse » pour les faire progresser et se dépasser : car pour traquer ce genre de meurtrier la demi-mesure n’est pas de mise ! Malgré ses traits de caractère, Teresa nous est immédiatement sympathique et on devine qu’elle ne lâchera rien. Elle sait que le tueur frappera à nouveau, un bras de fer s’engage entre eux.. une course contre la montre pour sauver la dernière victime des griffes du tueur.

Mais l’état physique de Teresa semble se détériorer proportionnellement à l’avancée de son enquête. Elle perd pied, et telle une enfant, se retrouve terrorisée face à ce qui semble être un début d’Alzeihmer. Nous tremblons pour elle et avec elle. Elle semble totalement démunie face à son corps et son esprit qui la « lâchent « de façon insidieuse. Mais elle reste terriblement déterminée à trouver le coupable tout en luttant contre les résurgences d'un passé passé mystérieux, violent et douloureux. Parviendra-t-elle à surmonter ses défaillances et à trouver la clé de l’enigme ?

Ce roman est pour moi vraiment original et a tout à fait sa place en tant que finaliste pour "Les Nouvelles voix du polar de Pocket, 2020".

Il est surtout également très intéressant dans la mesure où l’enquêtrice a une véritable empathie pour le tueur : elle cherche à comprendre son histoire, ce qu’il a vécu, et son passage à l’état de tueur et bourreau.

Et nous nous rendons compte très rapidement, au fil de la lecture que Teresa nous entraine dans son sillage. Tandis qu’elle se rapproche inexorablement de la vérité, nous voilà nous aussi en proie à l’empathie pour ce tueur mystérieux.

J'ai hâte de découvrir la prochaine enquête de Teresa dans "La Nymphe endormie" :)