Désert Noir, Adrien Pauchet : YvonS
Désert Noir, Adrien Pauchet
Éditions Pocket,
526 pages
Sélection
Nouvelles Voix du Polar 2022
Le principe de la sélection NVP c'est de nous faire découvrir de nouvelles manières de faire du polar, et là bravo, c'est réussi. On est entre polar et fantastique. Et ma foi, la construction est très originale. Tellement originale d'ailleurs que je m'y suis un peu perdu. Multitude de personnages, de points de vue, invention jusque dans la mise en page avec du texte aux lettres manquantes ou aux lettres éparpillées sur la page. J'ai eu du mal. Heureusement, on s'y fait.
Ça commence par un prologue situé AVANT la page de titre, composé d'un compte-rendu d'interrogatoire et d'une coupure de presse. Ensuite entre un texte quasi hallucinatoire et l'évasion d'une femme étrange et charismatique, on "saute" aux 36. Celui du quai des Orfèvres et celui de la rue du Bastion. On naviguera de l'un à l'autre.
Mais de quoi est-il question ? D'une drogue, l'Orphée, qui permet de rentrer en contact avec les morts, nos parents disparus, nos amours défuntes, nos enfants décédés. Le trafic est juteux, très juteux, l'addiction immédiate. Guerre des gangs, guerre police-trafiquants mais aussi destruction des réseaux par la mystérieuse Anja qui est à la recherche de sa fille Emma. Laquelle Emma dispose de drôles de pouvoirs.
Anja est à la fois douce et sereine, maternelle et empathique, mais aussi glaciale et manipulatrice à la détermination obsessionnelle. Emma, elle, est terrifiée, utilisée comme un animal de laboratoire, un peu hors du monde, fragile ET forte. Entre SDF, camps de Roms, cités du nord de Paris, catacombes, fusillades nourries, drogués en manque, on n'a pas le temps de s'ennuyer. Ça saigne. Salement.
Heureusement au bout d'un moment le récit reprend une forme presque linéaire. Et après une série de voyages outre-tombe, on s'achemine vers une sorte d'apocalypse parisienne hallucinante où tous les comptes sont soldés. Ou presque.
Adrien Pauchet ferme ensuite les portes les unes après les autres, parce qu'il y a tant de personnages à qui il n'a rien épargné, pour arriver à un ultime chapitre à la limite de la poésie sous hallucinogène...
Désert noir est en fait la suite de Pills Nation (2017) dont les héros sont les mêmes, mais on peut lire cette suite sans problème autre que ceux cités plus haut. La couverture de ce volume est très caractéristique de ce qui vous attend, un récit noir où règne la mort, la drogue et la culpabilité même s'il y a toujours une trace d'humanité, même chez un mafieux, même chez un trafiquant, on pourrait être surpris.
Un livre pas banal, pas toujours facile mais pas banal !
Merci au Gang
Pocket pour ce service de presse et cette découverte très inhabituelle...
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