DANSER ENCORE, Charles Aubert : Yvon
© crédit photo : Charles Aubert himself
COUP DE COEUR !
Vous savez, ou vous ne savez pas, que nous suivons Charles Aubert depuis son premier roman et sa série "des couleurs", on aime beaucoup ses livres et l'auteur. Ce jeudi 7, nous étions donc à la soirée Hommage à Luca Di Fulvio qui fêtait également la rentrée littéraire. A cette occasion, Charles Aubert nous a dédicacé son livre et je n'ai pas pu résister longtemps. Je viens de le terminer. J'ai lu ce court roman d'une traite et je finis la gorge serrée, les larmes ne sont pas loin. Les deux dernières pages sont très intenses et écrire simplement DANSER ENCORE quand on sait ce que cela signifie... l'émotion renaît aussitôt.
Mais ce livre ne vaut pas que pour cette scène, Charles Aubert a aussi des trouvailles poétiques et un style qui dans leur simplicité vous éclatent au visage. Il nous raconte cette histoire au présent, on la vit comme elle arrive, on y est. Il a fait un bond en avant depuis ses polars doux et on entre ici dans la littérature blanche. Ceci dit sans renier son talent de coloriste et de créateur d'ambiance. Lisez aussi les épigraphes de ce livre (les citations en tête de volume), elles sont tellement parlantes pour qui sait ce qui suit...
Johann Trollmann, dit Rukeli, est né en 1907... Parce que cette histoire est vraie. Parce que ce tragique destin est connu, il a été oublié et Charles Aubert le remet dans la lumière. La lumière... Rukeli le boxeur tsigane y a été dans cette lumière. Champion d'Allemagne, privé de son titre par le régime naz i , puis privé de sa licence, de ses droits, de ses titres... Privé de sa qualité d'homme ? Non. Parce que fasse à cette idéologie raciste, il a su rester debout. Rester debout, comme dit l'auteur, la devise de tous les boxeurs.
Je ne suis pas du tout fan de boxe, c'est un sport que je ne comprends pas même si je reconnais volontiers le travail, le courage, la volonté de ceux qui y consacrent leur vie. Mais là, cet Homme (et non ce sous-humain que voyait le régime) vous allez l'aimer. Son regard, ce regard que je prenais pour fou, si on y prête attention est si jeune, si plein de doute et de liberté. Ce peuple du vent qui est le sien, son indéfectible résistance et sa fierté, sa liberté jusqu'à l'ultime minute... c'est magnifique et poignant.
Rukeli a été emporté par la tourmente mortifère de ce régime, lui qui (je cite Charles Aubert) est de ceux qui sont les errants du monde. Il ne reste de lui aujourd'hui qu'une fille qui n'a su qu'à ses 15 ans qui était son père. Une rue, un gymnase et une statue perpétuent sa mémoire dans cette Allemagne apaisée. Son titre spolié lui a été restitué et Charles Aubert lui rend la vie dans nos mémoires. Vous ferez connaissance en 10 rounds avec sa famille nombreuse, des tsiganes allemands qui se pensaient assimilés, ses frères et leurs contradicitions, ses soeurs, son épouse aryenne qu'il protègera en divorçant d'elle. Vous découvrirez le respect qu'il inspirait à certains de ses adversaires, mais aussi les insultes et les crachats, le mépris et la haine pure, lui qui maîtrisait l'Art de l'Esquive, la "Danse", avec un talent inné.
Alors au moins dans nos mémoires, il pourra... danser encore.
Pour que cela ne se reproduise jamais...
Merci à Istya et Compagnie (et Charles Aubert) pour ce service de presse tant attendu et qui est à la hauteur de l'attente !
A retrouver sur le blog :
🐟 Bleu Calypso, sélection Nouvelles Voix du Polar, Pocket, 2020, Prix de l'évêché (prix spécial du jury), Yvon, Marina
🐟 Apéro Polar #Gang Pocket, février 2020
🐟 Soirée de remise du prix Nouvel Voix du Polar Pocket 2020 (sept 2020)
🐟 Saint Maur en Poche, le retour (juin 2022)
🐟 Noir sur Ormesson, novembre 2022
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