Auteur à la page #33, Gilberto Villarroel, avril 2023
Cher Gilberto,
Un grand merci d'avoir accepté avec un tel enthousiasme d'être notre portrait d'avril. Notre rencontre a eu lieu grâce à Charlotte, à la nouvelle section "étoile montante de l'imaginaire, à Pocket. Le courant est passé tout de suite. Via ce portrait, nous voulons donner à nos lecteurs la possibilité d'en apprendre d'avantage sur toi en tant qu'auteur et de découvrir ton univers et tes passionnants romans.
Peux-tu te présenter à ceux de nos lecteurs qui ne te connaîtraient pas encore ?
Je suis Gilberto Villarroel, écrivain chilien installé à Paris depuis 2014. J'ai un fils franco-chilien de 12 ans, actuellement en 5ème. Je suis né à Santiago du Chili en 1964 et j'ai travaillé comme journaliste, scénariste et producteur pour le cinéma et la télévision, et comme éditeur de livres. J'ai également publié en espagnol la BD "Le Modèle de Pickman" en 2019, en tant que scénariste. J'ai commencé à écrire mon premier roman, "Cochrane vs Cthulhu" tout juste arrivé à Paris, je l'ai publié en espagnol en 2017 au Chili grâce à Penguin Random House. J'ai ensuite publié "Lord Cochrane vs l'ordre des Catacombes" (2018), "Zona Cero" (2020), "Lord Cochrane et le Trésor de Selkirk" (2021), "Lord Cochrane et les Montagnes Hallucinées" (2022) et, en tant que co-auteur, en français, "La Terre c'est..." (2021). Les quatre titres de la saga Cochrane ont été traduits par Jacques Fuentealba et publiés en français par Aux Forges de Vulcain de 2020 jusqu'à aujourd'hui et les trois premiers en format poche, chez Pocket Imaginaire, à partir de 2021.
Quel genre de lecteur es-tu ?
Compulsif. Je lis et relis un peu de tout. Je lis lentement, il me faut parfois jusqu'à un an pour terminer un livre, surtout ceux que j'aime et auxquels je ne veux pas dire adieu, mais j'aime en lire plusieurs à la fois, selon mon humeur et mes intérêts. Je passe également une bonne partie de la journée à lire des documents du XIXe siècle pour les romans de la saga Cochrane.
Quel est ton 1er souvenir de lecture ?
Les BD. Mon père, ouvrier au Chili, rentrait du travail pour m'apprendre à lire avec le "Silabario Hispanoamericano". J'ai appris à lire à l'âge de 4 ans et j'ai commencé par la BD : "Superman", "Batman", "Top Cat", "U2", "Guerra", "Doctor Mortis" et bien d'autres, ainsi que les publications de l'Unidad Popular, pendant le gouvernement de Salvador Allende : le magazine "Cabrochico" et les livres de poche de la maison d'édition Quimantú, dont le prix, selon la loi, ne devait pas être supérieur à celui d'un paquet de cigarettes. Grâce à Quimantú, j'ai découvert des auteurs chiliens comme Baldomero Lillo mais aussi étrangers comme Poe, Bradbury, Conan Doyle et Quiroga, entre autres. Et il y avait des magasins où, pour une petite somme d'argent, on pouvait échanger nos vieux magazines contre d'autres ; c'était tout un monde.
Ma mère m'achetait au marché des romans de Jules Verne et de Salgari, des romans pulps de cow-boys et de détectives (Ellery Queen), ainsi que le magazine "Mampato", qui avait un accord avec "Tintin" et qui publiait toute la BD franco-belge au Chili. Pour moi, Astérix, Tounga, Rahan, Bernard Prince, Bruno Brazil et Dan Cooper, entre autres, sont des souvenirs d'enfance. "Mampato" a également publié, par chapitres, des romans classiques de la littérature universelle, illustrés par de grands artistes chiliens.
Quel est ton dernier coup de cœur littéraire ?
"Le soldat désaccordé", de Gilles Marchand, et "L'archiviste", d'Alexandra Koszelyk, tous deux publiés aux Forges de Vulcain. Deux livres sur deux guerres très différentes, mais qui ont en commun la profonde humanité offerte par leurs personnages au milieu de l'adversité. Je connais les deux auteurs et j'éprouve une grande affection pour eux.
Quel est ton premier lecteur ?
Comme j'ai été éditeur de livres dans le passé, je me démultiplie et je lis généralement mes romans en entier, avec un œil critique, une fois le premier jet terminé. Je les parcours trois fois, complets, pour les corriger mot à mot, dans un processus qui peut parfois prendre plusieurs mois. J'ai écrit les volumes 3 et 4 de la saga Cochrane en un an, mais j'ai passé trois ans à corriger, réécrire, ajouter et retrancher des chapitres. Puis je les envoie à mon éditeur chilien chez Penguin Random House, Daniel Olave. Et avant cela, pour accomplir un rituel, je les envoie à mon amie chilienne Bernardita Ojeda Labourdette, qui a été la première lectrice de "Cochrane vs Cthulhu". Après moi, elle, qui est anthropologue et scénariste de BD, serait vraiment la première lectrice de tous mes livres.
As-tu un rituel d'écriture ?
J'essaie d'écrire une page par jour, en suivant les conseils du romancier anglais Bernard Cornwell. Le maximum que je puisse écrire en une journée, quand je suis inspiré et que j'ai le temps, est de dix pages, non éditées, mais c'est quand même beaucoup. J'aime écrire le titre, la dédicace, et avoir une idée du début et de la fin avant de commencer à écrire. Pour chaque livre, il y a une image, qui est toujours la première, qui me vient spontanément à l'esprit lorsque je pense à l'histoire que je veux raconter. Suivant les conseils de cinéastes comme David Lynch, j'essaie de creuser ce qui se cache derrière cette image et c'est alors que le roman tout entier m'apparaît. Un documentariste chilien, Ignacio Agüero, s'est toujours demandé, comme un exercice, quelle était l'image centrale de son film. Cet exercice m'aide également à imaginer la couverture du livre qui, à son tour, doit résumer le conflit central du roman. Cet exercice de synthèse m'aide aussi à ne pas perdre la direction que prendra l'histoire. Je discute souvent de certaines idées avec mon fils, qui est très réceptif et imaginatif, ce qui nous permet de spéculer sur diverses possibilités. Il m'accompagne également dans le processus de scouting, c'est-à-dire de visite des lieux où se déroule l'histoire, lorsque les romans se déroulent en France.
Quel est le plus beau compliment que l'on t'ait fait sur un de tes romans ?
Je frémis quand un critique ou un libraire évoque des similitudes avec Verne, Salgari ou Dumas, qui sont pour moi de grands maîtres. Ou quand quelqu'un considère que mes hommages à l'univers de H.P. Lovecraft dans la saga Cochrane sont bien faits. Les nominations aux prix, les "coups de cœur" des librairies et des bibliothèques des deux hémisphères et le label "étoile montante de l'imaginaire" que m'a décerné Pocket m'ont également réjoui.
Quelle est la chose la plus bizarre qu'on t'a dite ou demandée à une séance de dédicace ?
Les dédicaces ont toujours été agréables. Cela me touche toujours de savoir que, dans ces rencontres, il y a des gens que je ne verrai qu'une fois dans ma vie, ce sont des moments spéciaux et non reproductibles. Il y a aussi des lecteurs fidèles qui viennent aux festivals année après année. Un jour à Épinal, aux Imaginales, un lecteur a voulu se faire photographier avec un de mes livres et le tatouage d'une pieuvre couvrant un de ses bras. A Gradignan, les étudiants nous ont demandé, à nous écrivains, de signer nos biographies dans le catalogue du festival. Ils n'avaient pas l'argent pour acheter les livres, mais ils voulaient prendre un souvenir du salon, et c'était très impressionnant.
As-tu une actualité (sortie de roman ou autre) dont tu souhaites nous parler ?
En avril, je serai deux fois en Belgique : à Trolls & Légendes à Mons, et à la foire de Bruxelles. En mai, je devrais publier une nouvelle en français pour une anthologie.
Un scoop pour le blog ? Quelque chose à ajouter (que nous n'aurions pas évoqué plus haut) ? Ton prochain projet ? Tu peux parler de tout ce que tu souhaites :)
Cette année, je veux finir d'écrire Cochrane 5, en espagnol, et mon premier roman policier, que j'ai commencé en 2022 à la Cité Radieuse de Val de Briey grâce à une bourse de résidence de six mois de la mairie et du ministère de la Culture. Je vais écrire ce livre en français. En mai, je dois renouveler mon titre de séjour, qui expire tous les deux ans !
😎 les portraits précédents :
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