Auteure à la page #29, Solène Bakowski, décembre 2022

© LB

Chère Solène, 

C'est toujours un grand plaisir de te rencontrer. Ton doux sourire, ton regard complice ainsi qu'un petit sourire chaleureux accompagnent chacun de nos moments. Merci pour tout cela, et merci pour ta plume si délicate et ciselée qui sait si bien nous décrire les gens, leur univers, leurs failles et leur grandeur, tout ce qui fait, en somme, leur humanité. Merci enfin pour le temps que tu as consacré à notre questionnaire et pour tes réponses, en toute simplicité et authenticité.


P
eux-tu te présenter à ceux de nos lecteurs qui ne te connaissent pas encore ?J’ai 41 ans et j’habite à Paris avec mon mari, ma fille et mon chien. J’écris depuis que je sais tenir un stylo et je publie depuis 2014. 


Quel genre de lectrice es-tu ?

Mes goûts sont très éclectiques. Je n’ai pas un genre de prédilection, j’aime les bonnes histoires, les personnages intéressants et les sentiments profonds. J’ai besoin de ressentir quelque chose pour apprécier un livre. 


Quel est ton 1er souvenir de lecture ?

Il remonte à loin mais il est encore très vivace dans ma mémoire. Il s’agit de La chatte au chapeau de Simon et Desi Ruge. J’ai lu ce roman à huit ou neuf ans et, pour la première fois, le film a défilé sur l’écran de mon esprit sans le moindre effort. J’ai vraiment eu l’impression d’être téléportée dans un autre lieu, à un autre moment. Ce premier « voyage immobile » m’a grisée au point de me donner un goût vorace pour la lecture qui ne m’a jamais quittée. 


Quel est ton dernier coup de cœur littéraire ? 

Chambre obscure de Vladimir Nabokov. Je suis tombée sur ce roman dans une bouquinerie, au hasard. J’ai adoré, c’est brillant et, surtout, profondément humain. 


Quel est ton premier lecteur ? 

Mon agent. Son regard expert est une boussole. 


As-tu un rituel d'écriture ou un lieu préféré pour cela ?

J’écris en général dans ma chambre, le matin. C’est là que je me sens le plus à l’aise. Toutefois, je peux écrire n’importe où, pourvu que je puisse être seule et au calme. J’écris toujours mon premier jet en musique mais je relis et corrige en silence. J’ai besoin d’entendre la mélodie des mots.  


Quel est le plus beau compliment qu'on t'a fait sur un de tes livres ?  

Le plus beau compliment, ce sont les larmes que des lecteurs ont versées après la lecture de Rue du rendez-vous ou Il faut beaucoup aimer les gens. Cette marque d’émotion va au-delà des mots, les larmes ne trichent pas. 

L’émotion est une expérience intime. Pourtant, nous vibrons souvent aux mêmes choses. Cela me rappelle qu’on est tous fabriqués de la même manière, que nous sommes connectés d’une certaine façon. Voilà pourquoi je suis si touchée quand ces larmes arrivent. 


Quelle est la chose la plus bizarre qu'on t'a dite ou demandée à une séance de dédicace ? 

Que les extraterrestres étaient proches et qu’ils allaient sauver une poignée d’élus. C’était à Nice. 


Tes romans RUE DU RENDEZ-VOUS et IL FAUT BEAUCOUP AIMER LES GENS ont reçu un très très bon accueil de la part des lecteurs. Veux-tu nous en parler un peu plus ? As-tu prévu de revenir vers le roman noir pour ton prochain ?

Rue du Rendez-vous met en scène deux personnages qui n’auraient jamais dû se croiser. D’un côté, il y a Alice, 25 ans, une vendeuse en boulangerie très solaire. De l’autre, il y a Marcel, 87 ans, qui vit dans une rue cernée par les bulldozers : la rue du Rendez-Vous. Pour lui, qui vit là depuis sept décennies, assister au démantèlement de sa rue est un drame absolu : derrière chaque mur qui tombe, un souvenir s’écroule.  

Un jour, Alice va toquer à la porte de ce vieil homme. Ce roman raconte la rencontre et la réparation symétrique de ces deux êtres que tout oppose : d’un côté, une jeune femme dont le sourire contraste avec ses yeux tristes et, de l’autre, un homme qui n’attendait plus rien de l’existence, si ce n’est une oreille dans laquelle déposer ses fantômes avant qu’il n’en reste plus rien. 


Il faut beaucoup aimer les gens parle d’Eddy. À 11 onze ans, alors qu’il se rend au collège, il regarde une SDF sur laquelle personne ne s’arrête. Après avoir réalisé qu’elle vient de décéder, il appelle la police. Lorsque la police arrive, il vole à cette femme la photo qu’elle tenait dans la main. 

Vingt ans plus tard, tandis qu’il vide l’appartement de son père, il retombe sur les effets personnels de cette femme. Poussé par la curiosité et la culpabilité à retardement de son larcin, il décide de mener l’enquête, à la recherche de ceux qui l’ont connue et aimée.


Je n’ai pas prévu de retourner dans la littérature noire. En réalité, tout cela n’est qu’une question d’étagère, ma manière d’écrire reste la même. Je peux écrire des histoires lumineuses ou plus sombres, je ne m’interdis rien. Être en littérature générale m’ouvre un espace de liberté plus grand.


Un scoop pour le blog ? Quelque chose à ajouter (que nous n'aurions pas évoqué plus haut) ? Tu peux parler de tout ce que tu souhaites :)

Je viens d’achever l’écriture de mon prochain roman. Il devrait voir le jour le 13 avril prochain. Il y est question d’amour, d’écriture et de liberté. 

J’ai un trac fou. J’ai l’impression que l’angoisse va en s’empirant au fur et à mesure des publications. Mais je suis impatiente que cette nouvelle histoire prenne son envol. J’espère qu’elle saura toucher ceux qui s’y plongeront.    


Merci beaucoup pour cette invitation sur le blog !


A lire également sur le blog :

Un Sac, Solène Bakowski
Lire c'est libre, Salon, Mairie de Paris 7ème, janvier 2020
- Rue du rendez-vous
- Le Livre sur la Place, Nancy 2022

😎 les portraits précédents : 

- # 24 Sylvie Allouche 

- # 27 Denis Albot

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