Auteur à la page #27, octobre 2022 : DENIS ALBOT

Un grand merci à toi Denis, d'avoir répondu présent tout de suite lorsque nous t'avons contacté. L'idée nous trottait en tête depuis un petit moment de faire ton portrait. L'envie de mettre un coup de projecteur sur un homme.. toi.. qui a décidé d'endosser 3 casquettes et de partir à l'aventure ! Merci pour le temps que tu as consacré à nous répondre et pour tes réponses complètes qui nous aident à mieux cerner ce que tu fais.

Nous espérons que ce portrait permettra à nos lecteurs d'en apprendre d'avantage sur ton univers et ton activité et qu'ils seront très nombreux à venir à ta rencontre pour découvrir ta librairie itinérante :)

Peux-tu te présenter à ceux de nos lecteurs qui ne te connaîtraient pas encore, auteur, éditeur, libraire, c'est rare....

Bonjour à tous et merci à vous deux, Marina et Patrice, pour votre intérêt qui ne se dément pas depuis le lancement de cette aventure. Cumuler les trois casquettes est sans doute rare mais pas exceptionnel. Je connais au moins un autre exemple, Bob Decoster, dans le Nord. De mon côté, chronologiquement, j’ai d’abord été auteur, en parallèle de mon « vrai travail ». J’ai mis les pieds dans le monde du Livre en 2015 et j’ai très vite su que c’était dans cet univers que je souhaitais évoluer. L’occasion s’est présentée de changer de vie en 2019. Et voilà !

Quel genre de lecteur es-tu ?

Avec toutes ces activités, j’ai moins le temps de lire « pour le plaisir ». Mon activité d’éditeur a peu à peu mué en « assistant à l’édition », principalement pour de « jeunes » auteurs soucieux de transmettre le récit de leur vie aux générations futures. Je lis donc beaucoup de manuscrits, parfois simplement pour avis. En revanche, passant beaucoup de temps sur la route, je me suis mis aux livres audio. Je lis donc en moyenne 4 ou 5 livres par mois. J’essaie de m’éloigner de mon genre de prédilection, le roman noir, pour être à même de conseiller les clients de la librairie, mais la plupart du temps, mon choix se porte sur un polar ou un thriller… On ne se refait pas !

Quel est ton 1er souvenir de lecture ?

Comme beaucoup, j’ai été bercé par les bandes dessinées, Astérix, Lucky Luke et bien entendu Tintin. Mais ma première véritable « claque » est survenue bien plus tard, vers l’âge de 18 ans avec la découverte de la Théorie du bordel ambiant de Roland Moreno. J’ai découvert alors toute la liberté qu’offrait la lecture et l’écriture. Pour qui ne connaîtrait pas Roland Moreno, il s’agit d’un des derniers génies de notre ère, rien de moins ! Inventeur de la carte à puce, fantaisiste, essayiste, sa TBA est un fourre-tout magistral, dont je recommande chaudement la lecture (disponible gratuitement en téléchargement sur son site Internet).

Quel est ton dernier coup de cœur littéraire ?

Je suis un inconditionnel de l’œuvre de Pierre Lemaître et j’ai récemment lu Le serpent majuscule. Si le style est un peu moins abouti que dans ses derniers opus, l’idée de cette tueuse à gage qui perd les pédales est prétexte pour lui à repousser les limites du genre. C’est du millième degré ! Et c’est admirable.

As-tu un rituel de lecture ou un lieu préféré pour cela ? Ou préfères-tu nous parler de ton rituel d'écriture ?

Alors, que ce soit pour lire ou écrire, il faut absolument que je sois dans une pièce orientée Sud Sud-Ouest, qu’il y fasse 22,3 degrés, que ma tasse soit remplie aux deux tiers d’un café colombien bio, etc. Mais quelle horreur ! Je déteste tout ce qui ressemble de près ou de loin à une habitude et plus encore quand il s’agit de lecture ou d’écriture. J’ai la chance d’être un auteur « bordélique » et le revendique ! Écrire n’importe où lorsqu’une idée surgit, dans une note du téléphone ou sur un coin de nappe en papier, est ce qu’il y a de plus agréable dans le processus.

Nous t'avons d'abord connu auteur... puis tu es devenu éditeur. Pourquoi cette aventure ? Et quel en est le défi principal ?

L’idée était de créer une sorte de « pôle littéraire » et, si possible d’en vivre (ce qui est le principal défi). Comme beaucoup d’auteurs, j’avais une vision manichéenne du monde de l’édition et estimais que l’auteur était le maillon rouillé de la chaîne du Livre. Je voulais changer cela. Je me suis vite rendu compte que donner 20% de Droits d’Auteur était certes louable, mais que c’était au détriment d’un autre poste et, comme éditeur, se tirer une balle dans le pied… Je pense à présent que 10% de DA est correct pour un auteur débutant qui, ne l’oublions pas, a souvent un emploi à côté et reste le seul maillon de la chaîne qui n’a pas de charges à payer…

Quelle est la chose la plus bizarre ou la plus drôle qu'un auteur (ou un lecteur) t'a dite ?

Je vais répondre un peu à côté de la question car ce qui m’est venu spontanément à l’esprit n’est pas une chose bizarre ou drôle mais reste à ce jour la parole qui m’a apporté le plus de fierté et de satisfaction : j’étais en dédicace au Furet de Lille et une dame s’est approchée. Nous avons discuté un bon moment durant lequel elle m’a expliqué qu’elle avait été une grande lectrice mais que, depuis plusieurs années, il lui était impossible de se plonger dans un roman… Ceux qui me connaissent savent que je suis un piètre ambassadeur de mes romans et que je ne suis pas du genre à forcer la main à qui que ce soit. Néanmoins, pour une raison qui m’échappe encore, cette dame a pris mon roman, sans doute pour me faire plaisir. Quelques semaines plus tard, je recevais de sa part un message de remerciements car mon roman lui avait redonné le goût de la lecture. Quel meilleur compliment pour un auteur ?

Te voici libraire itinérant. Nous trouvons l'idée formidable, nous regrettons simplement être trop loin pour venir te rencontrer sur les marchés... si tu ne l'as pas expliqué plus haut dans ce portrait, comment t'es venue cette idée ?

Au départ, mon idée de « pôle littéraire » devait être fixe. Une librairie « classique » qui me servirait aussi de bureau pour mes activités d’édition. C’est en démarchant les libraires du secteur pour proposer les romans que j’éditais, que j’ai pris conscience du nombre de villages et petites villes où il n’y avait plus de librairie. L’idée de l’itinérance est venue aussitôt. C’est aussi une immense liberté de pouvoir abandonner un marché qui fonctionne moins pour passer à un autre où ma présence est plus attendue.

Quelque chose à ajouter ? Tu peux parler de tout, de tes romans, de ta maison d'édition, lancer un appel... etc…

Je profite donc de ce créneau pour un peu de pub ! Tous les livres édités par Même Pas Peur - Édition sont disponibles sur le site www.meme-pas-peur-edition.com. On y trouve aussi plusieurs romans complets gratuits en ePub ! Quant à la librairie itinérante Carpe Diem, l’organe principal de communication est un groupe Facebook : Librairie Carpe Diem : Les livres viennent à vous ! Partages, soutiens et encouragements sont évidemment les bienvenus. Merci encore à vous deux et aux lectrices et lecteurs de votre superbe blog !