Portrait d’auteur #56, David Bry, octobre 2025

Cher David, 

Nous voulons te remercier d'avoir pris le temps de répondre à nos questions de façon si complète et enthousiaste malgré ton actualité foisonnante et ton agenda bien rempli. C'est pour nous l'occasion de braquer les projecteurs sur tes nombreuses sorties et projets permettant à nos lecteurs d'en apprendre un peu plus sur ton univers et ton processus d'écriture. Fans de ce que tu fais en lecture adulte tout comme en jeunesse nous avions à coeur de partager cela avec nos abonnés. 

C'est parti...

Peux-tu te présenter à ceux de nos lecteurs qui ne te connaîtraient pas encore ?

Avec plaisir ! Déjà, bonjour à toutes et tous qui venez par ici. Je suis donc David Bry, écrivain depuis l'enfance (je rêvais déjà de faire ce métier), publié depuis un peu moins longtemps évidemment (quinze ans), d'abord en imaginaire adulte et, depuis 2021, également en imaginaire jeunesse. J'adore lire, bien sûr, presque autant que le chocolat (c'est pour dire). Je vis à la campagne, la ville ce n'est vraiment pas mon truc. J'ai deux chats. Et, dans mon jardin, les plus beaux rosiers du monde (comme personne ici ne les a vus, personne ne peut me contredire, muwahaha ;).

Quel genre de lecteur es-tu ?

Boulimique. J'ai bien sûr eu des périodes où je lisais moins, mais globalement, c'est la boulimie de lecture qui me décrirait le mieux. Pas forcément en termes de quantité (je lis entre 25 et 50 bouquins par an, certains lisent moins, d'autres plus), mais j'ai toujours un livre avec moi, je lis au moins tous les soirs, et dès que je termine un livre, j'en commence un autre. Je suis très éclectique dans mes lectures. Je lis aussi bien de l'imaginaire (fantasy ou science-fiction, principalement) que de la littérature générale, de la poésie ou des essais. Quasiment tout m'intéresse. Je suis un peu moins fan des histoires d'amour, mais j'adore Jane Austen et Les Hauts de Hurlevent. Shakespeare est mon idole, comme, pour des raisons différentes (mais tout aussi littéraires) Virginia Woolf.

Quel est ton 1er souvenir de lecture et ton dernier coup de cœur littéraire ?

Les contes et légendes grecs et Les contes et légendes égyptiens qui traînaient, je ne sais pas comment, dans ce qui servait de bibliothèque à mes parents. Ils n'aimaient pas spécialement lire, et encore moins l'Histoire et les contes. Alors, pourquoi ces recueils ? Aucune idée... Mais moi qui dévorais tout ce que je pouvais, je les ai lus et relus, et ils forment à eux deux, vraiment, mon premier souvenir de lecture.

Mon dernier coup de cœur littéraire ? Dur de choisir, j'ai eu pas mal de lectures incroyables rien que ces derniers mois. S'il fallait en choisir un... Je dirais Ce que je sais de toi, d'Eric Chacour qui, à mi-parcours, m'a littéralement soufflé. Il s'agit d'un premier roman incroyable, que je conseille vivement. Mais j'ai également adoré Maniac (de Benjamin Labatut)Nous traverserons des orages (Anne-LaureBondoux) et La maison des jeux (Claire North). Je sais, je sais, il en fallait un seul. Mais il y a tellement de bons livres !

Quel est ton premier lecteur ou ta première lectrice ?

Une amie de plus de trente ans, Mireille, très grande lectrice, très exigeante, qui n'aime pas plus que ça la littérature imaginaire, et encore moins les batailles et la science-fiction. Si j'arrive à l'embarquer, elle, avec mes histoires de dragons ou de vaisseaux, de guerres et de tragédie, c'est que, globalement, je peux espérer pouvoir aussi embarquer d'autres personnes. Elle a un avis sûr, et je ne la remercierai jamais assez de son aide.

As-tu un rituel d'écriture ? 

Thé. Musique. Silence. Personne.

Dans ma véranda, face à la forêt et la rivière.

Alors évidemment, je peux écrire aussi ailleurs. Je bouge pas mal dans les salons du livre, les librairies, les médiathèques ou les établissements scolaires qui m'invitent. J'écris alors dans le train, à l'hôtel, dans les aéroports. Mais globalement, rien ne vaut chez moi.

Thé. Musique. Silence. Personne.

Dans ma véranda, face à la forêt et la rivière.

Quel est le plus beau compliment que l'on t’ait fait sur un de tes romans ?

Je crois que c'est quand j'arrive à émouvoir. Quand, aussi, l'une de mes histoires reste à l'esprit des lecteurs, même des années après. Certains me le disent, et j'en suis vraiment, vraiment très touché. J'écris parce que j'adore lire ; je sais ce que sais que de ne pas oublier un roman, que d'être mélancolique ou de pleurer à la fin d'une histoire. Alors, quand je réussis à faire la même chose, je suis vraiment extrêmement heureux... et fier, j'avoue.

Quelle est la chose la plus bizarre qu'on t’ait dite ou demandée à une séance de dédicace ? Et de manière générale, que peux-tu nous dire des moments partagés avec tes lecteurs que ce soit en salon ou en rencontre en librairie.

C'est drôle car, bien que j'adore la solitude de l'écriture qui m'est indispensable (Thé. Musique. etc., vous connaissez ma rengaine), j'ai un vrai plaisir à rencontrer les lecteurs, que ce soit en salons, en librairie ou ailleurs. On parle de mes livres (à quel moment ils ont pleuré, et on compare avec moi :D), mais aussi de lectures diverses. J'aime échanger les conseils de lecture, faire la découverte d'auteurs ou d'autrices que je n'ai pas lu.e.s, noter des titres à ajouter à ma longue liste de souhaits. C'est aussi assez incroyable de revoir les mêmes personnes, toujours fidèles au poste, qui reviennent me voir en salon chaque année. 

Pour les trucs bizarres, j'avoue ne pas trop en avoir (tant mieux ? Mais j'aime bien la bizarrerie, quand même). Les dessins, peut-être, qui sont un supplice pour moi. Je ne sais pas dessiner, absolument. Faites passer le mot, qu'on cesse de me demander des dessins ! :D

Tu as une année 2025 très chargée et riche avec beaucoup de parutions. Peux-tu nous dire comment tu parviens à mener tous tes projets de front ? LOL

Nous avons cru comprendre que tu avais prévu une incursion dans la SF avec une parution en fin d'année chez Fleuve. Peux-tu nous donner quelques petites infos croustillantes à ce sujet ?

Comment je fais pour mener tous ces projets de front ? Facile. Boulimie de travail, couplée à une obsession de ce même travail et... une discipline de fer. Concrètement, ça donne quoi ? J'écris toute la journée, le soir aussi, grosso modo de 9h à 23h, avec des pauses pour la vie familiale, évidemment (et heureusement). Le reste du temps, j'écris. Toujours. Tout le temps. Et quand je n'écris pas, je réfléchis à mes histoires. Mes seules pauses sont mes moments de lecture et, parfois, des jeux de plateau. Je ne regarde pas la télé, sors juste un peu dans mon jardin, et c'est terminé. Mais bon, je ne suis pas à plaindre du tout, j'adore cette routine, vraiment. Et quand je ne travaille pas... je deviens rapidement pénible, donc mon hyperactivité représente un avantage certain pour tout le monde.

Bien vu pour mon roman de SF ! Il sort en effet le 25 septembre, aux éditions Fleuve, et s'intitule Échos stellaires. Des infos croustillantes à son sujet ? J'en ai plein ! En vrac : il m'a fait stresser de fou puis m'a procuré un plaisir incroyable à l'écriture. C'est le plus long et le moins triste de mes romans adultes, et de loin, même si je ne garantis pas l'absence de mouchoir (on ne se refait pas...). Il a été prévu dans 3 maisons d'éditions différentes puis est sorti chez Fleuve. Et, enfin, il m'a fait me poser 20.000 questions sur mon métier et sur mes raisons d'écrire. 

Comment parviens-tu à déterminer que ta parution sera pour la jeunesse ou pour les adultes. As-tu une "discipline"/régularité pour déterminer ce qui sort et quand ? Te laisses-tu guider par tes envies, tout simplement ?

La cible d'un roman, adulte ou jeunesse, dépend majoritairement de trois critères : la thématique, l'âge des protagonistes, et la taille de l'histoire. 

La thématique en premier car, même si on peut parler de tout à tout le monde (en s'y prenant avec précautions, évidemment, en jeunesse), je parle plutôt des traumatismes d'enfance à un public adulte (voir mon roman La princesse au visage de nuit), et je m'éclate à inventer des histoires drôles et farfelues sur l'amitié et le vivre ensemble à l'attention des enfants dans ma série du Clan du chaudron. D'autres autrices ou auteurs font parfois cependant l'inverse... et c'est très bien ! Car, j'insiste, on peut et on doit parler de tout, à partir du moment où on respecte la sensibilité du lecteur (en utilisant des symboles, etc. pour ne pas surcharger ou traumatiser les plus jeunes ou les plus sensibles).

L'âge des protagonistes est un autre des éléments clefs. De manière générale (mais là non plus, heureusement, ce n'est pas une règle immuable), les héros d'une histoire sont jeunes dans les romans jeunesse, adulte pour les autres. La raison en est simple : les enfants s'identifient plus facilement à leurs pairs, quand les histoires d'adultes vont les barber, et à juste titre. Commençons par courir dans les bois, à jouer à chat, construire des cabanes et des amitiés avant de s'atteler à la complexité de la vie d'adulte.

Enfin, plus le lectorat est jeune, plus les histoires sont courtes, bien sûr, même si une nouvelle ou une novella (et des romans jeunesse, aussi, bien sûr !) enchantent également les adultes.

Un scoop pour le blog ? Quelque chose à ajouter (que nous n'aurions pas évoqué plus haut) ? Tu peux parler de tout ce que tu souhaites..

Ah, ça tombe bien, j'en ai un tout frais ! Aujourd'hui même, j'ai reçu mon contrat de la part des éditions Fleuve pour mon prochain roman adulte. Il s'intitulera La maison à mi-chemin, et tournera autour du réalisme magique, de la mort, de l'amour, de la famille, de l'art et du merveilleux. Je me lance dans son écriture en janvier prochain. Il me tarde !

Du même auteur sur le blog :

Le Clan du chaudron :

- L'incroyable potion poilue
- Le concours de mocheté
- La malédiction des cochons volants
La chevalière des marais puants
- La chasse au crapaud-vomi (à venir)

Le roi des Sylphes (collection court toujours de Nathan)
La princesse au visage de nuit
- Le sorcier de Mondebrume



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