Auteur à la page #38, Eric Fouassier, décembre 2023
Cher Eric,
Au moment où nous faisions les fous au salon Ormesson sur les photos, nous étions les seuls à savoir (avec toi) que tu avais accepté d'être notre auteur à la page pour le mois de décembre.. Moment complice :) A présent, le portrait est publié et nos lecteurs vont enfin pouvoir en apprendre d'avantage sur ton univers. Merci de tout coeur pour ton enthousiasme à accepter notre requête et pour le temps que tu as consacré à notre questionnaire.
Peux-tu te présenter à ceux de nos lecteurs qui ne te connaîtraient pas encore ?
Je m’appelle Eric Fouassier, j’ai 60 ans et, déjà adolescent, je me rêvais écrivain. Après avoir écrit mon premier manuscrit à 15 ans et avoir eu une première nouvelle publiée à 17 ans dans un hebdomadaire national, j’ai fait de longues études : la pharmacie d’abord, puis le droit. Nanti des deux doctorats dans ces disciplines, je suis alors devenu professeur d’université en droit et économie pharmaceutiques, ce qui m’a conduit aussi à enseigner l’histoire de la pharmacie et à devenir directeur d’un petit musée consacré à cette thématique au sein de l’université Paris-Saclay. Toutefois, en parallèle, j’ai toujours continué à écrire de la fiction et j’ai fini par publier mon premier livre – un recueil de nouvelles – en 2005. Ce sont en définitive mes romans policiers historiques qui m’ont permis, peu à peu de me faire connaître et je suis devenu, comme on dit, best-seller avec la série du « Bureau des affaires occultes » dont le premier tome m’a valu, en 2021, de recevoir le prix Maison de la Presse.
Quel genre de lecteur es-tu ?
Lorsque nous étions enfants, mes parents nous ont fait, à mes frères et moi, le plus beau cadeau qui soit en nous promettant de ne jamais nous refuser l’achat d’un livre. Du coup, nous sommes tous les trois devenus de très gros lecteurs. Pour ma part, je lis environ une centaine de livres par an et je suis très éclectique dans mes choix. Je peux aussi bien apprécier de la littérature dite « blanche » que de la littérature de genre (policier, science-fiction, fantasy…), des romans ou des nouvelles, des essais, du théâtre, de la poésie… Pour moi, il n’y a pas de mauvais genre. Il y a juste des livres qui me touchent et d’autres pas. Je fais exprès d’ailleurs de ne pas parler de bons ou de mauvais livres, car chaque lecteur est différent et ce qui peut déplaire à l’un peut trouver grâce aux yeux de l’autre. Ceci dit, j’ai quand même des préférences. Il y a par exemple un genre de littérature qui ne m’attire absolument pas, c’est le « feel good ». Pour ma part, j’attends autre chose des livres que d’être « cocooné » et brossé dans le sens du poil.
Quel est ton 1er souvenir de lecture et ton dernier coup de cœur littéraire ?
Les tout premiers souvenirs de lecture, ce sont les livres que me lisait mon père le soir avant le coucher. C’était des albums du père Castor, puis des bandes dessinées. Avec mon frère aîné, nous aimions beaucoup ce petit cérémonial qui nous permettait de profiter d’un papa que nous voyions sinon assez peu. Cela m’a tellement marqué que je me souviens encore aujourd’hui très précisément à quelles pages de certains albums de Tintin la séance du soir s’était interrompue à l’époque (je ne devais pourtant pas avoir plus de 5 ou 6 ans !). Le dernier livre qui m’a véritablement marqué est un ouvrage en passe déjà de devenir culte mais qui n’est finalement connu que de quelques happy few. Il s’agit du roman «Les Jardins statuaires » de Jacques Abeille. Je suis tombé dessus par hasard dans une librairie, attiré par la très belle couverture de la réédition aux éditions du Tripode, et j’ai été emballé. Tout ce qui fait la grande littérature à mes yeux se trouve rassemblé dans ce livre : un style travaillé et élégant, de l’onirisme, un univers original, une histoire métaphorique touchant à l’universel…
Quel est ton premier lecteur ou ta première lectrice ?
Depuis le premier manuscrit de roman que j’ai jugé digne d’être envoyé à des éditeurs quand j’avais 18 ans jusqu’à maintenant, ma première lectrice est toujours demeurée la même. C’était alors ma meilleure amie et elle est devenue, depuis, mon épouse. Nous nous connaissons par cœur et nous partageons une rare et précieuse complicité. Je n’imagine pas de faire lire ma prose à quelqu’un d’autre avant elle. Ce serait presque de l’ordre du sacrilège ! Pourtant, à vrai dire, je n’attends rien de précis de sa part, mais j’ai besoin de son regard, de recueillir son avis d’ordre affectif, avant de faire lire le manuscrit à d’autres personnes à l’approche plus professionnelle : Isabelle Laffont, mon agent littéraire, et Maëlle, mon éditrice chez Albin-Michel.
As-tu un rituel d'écriture ?
un lieu particulier ?
Autrefois, j’avais besoin de certaines conditions très précises pour écrire : toujours le soir, dans la pénombre, avec juste une lampe de bureau allumée. Ces habitudes étaient des sortes de béquilles qui m’aidaient à avancer. Mais depuis que cette activité a pris un tour professionnel et que je maîtrise mieux la construction d’un roman, je dois dire que je suis devenu « tout terrain ». Je peux écrire n’importe quand et presque n’importe où. À vrai dire, quand on publie un livre par an, tout en continuant de mener en parallèle une autre activité professionnelle, c’est presque une nécessité ! Depuis 7 ou 8 ans, je me suis ainsi habitué à écrire en vacances, en rentrant du boulot, dans les trains, le soir entre deux journées de salon du livre, sur un coin de table dans une librairie si j’arrive en avance à une rencontre…
Quel est le plus beau compliment que l'on t'ait fait sur un de tes romans ?
C’est arrivé l’an dernier. Sur un salon, une lectrice m’a confié qu’elle avait un frère aîné trentenaire qui n’avait jamais pu lire un livre jusqu’au bout. Elle s’efforçait en vain depuis des années de l’initier à la lecture en lui passant tous les romans qu’elle avait aimés, mais ça ne collait jamais. Eh bien ! Elle m’a appris qu’elle lui avait offert la première enquête du « Bureau des affaires occultes » et qu’il l’avait adorée. C’était le premier roman qu’il arrivait à finir. Depuis, elle m’a écrit qu’il avait entrepris d’acheter tous mes romans et qu’il les dévorait ! Franchement, il n’y a rien de plus gratifiant pour un auteur que d’apprendre que quelqu’un à découvert la lecture grâce à ses ouvrages !
Quelle est la chose la plus bizarre qu'on t'a dite ou demandée à une séance de dédicace ?
Je crois que c’était dans une librairie de Provins. Un groupe de jeunes femmes enterraient la vie de jeune fille de l’une d’entre elles. Celle-ci était revêtue d’une fausse tenue d’Eve qui ne cachait rien d’une anatomie heureusement factice. Elles ont insisté pour que je pose à côté de cette charmante demoiselle faussement dénudée et je n’ai pas eu le cœur de refuser. Si la photo existe encore quelque part, franchement elle doit valoir le détour !
Ton roman "mérovingien", première partie du diptyque Les Francs Royaumes a un titre très intriguant et très poétiquement inquiétant... Comment l'as-tu choisi ?
Je dois reconnaître que je ne suis pas très doué pour les titres. En général, ceux que je propose sont souvent laissés de côté par les éditeurs. Une seule exception notable : « Le bureau des affaires occultes ». C’est moi qui ai trouvé le titre, non par référence au fameux « Bureau des légendes » comme beaucoup se l’imaginent, mais plutôt comme un clin d’œil à la « Brigade des maléfices », un feuilleton télé du début des années 70 un peu tombé dans l’oubli mais qui m’avait marqué lorsque j’étais gamin. Pour revenir au titre que vous évoquez, « Par deux fois tu mourras », c’est mon épouse Pascale qui l’a imaginé. Elle est beaucoup plus douée que moi à ce niveau et ce n’est pas la première fois que son titre est préféré au mien par la maison d’édition.
Sais-tu déjà dans quel salon tu seras présent bientôt et où nos lecteurs (et les tiens ! ) pourront te rencontrer ?
J’ai déjà en effet quelques événements programmés pour les prochains mois à venir. Le 10 décembre, je serai à Elven, en Bretagne, pour le salon du roman populaire. Les 2 et 3 février 2024, ce sera le salon Marais Noir, à Soullans, en Vendée. Puis du 9 au 11 février, je serai invité au festival du roman policier BC Negra, à Barcelone, à l’occasion de la sortie de la traduction espagnole du premier tome du bureau des affaires occultes. Le mieux, d’ailleurs, pour être en courant de toute mon actualité en matière de rencontres et de dédicaces est de consulter mon site Internet : www.fouassier-auteur.com.
Un scoop pour le blog ? Ton
prochain projet, peut-être ?
Je suis en train de finaliser l’écriture de la quatrième enquête du bureau des affaires occultes qui paraîtra au printemps prochain. Ce sera l’occasion pour moi de faire prendre l’air à mon héros, Valentin Verne. Celui-ci quittera en effet Paris pour mener une enquête en province et se retrouver mêlé au prélude de la dernière guerre de Vendée, en mai 1832.
A lire sur le blog :
- Le bureau des affaires occultes (tome 1)
- Le bureau des affaires occultes (tome 2), le fantôme du Vicaire
- Le bureau des affaires occultes (tome 3), les nuits de la peur bleue
- Bayard et le crime d'Amboise
- Lire dans la boucle
- Les Francs royaumes : par deux fois tu mourras
- Les Francs Royaumes (2) : La Fureur de Frédégonde
😎 les portraits précédents :
Commentaires
Enregistrer un commentaire